Main basse sur la cassette. Amasser, accumuler, conserver : Harpagon est une figure qui aujourd’hui plonge au cœur de nos paradoxes. Et si, pour mieux parler de l’avarice, nous imaginions un Avare « radin », ou pour le dire autrement, un spectacle circulaire, où l’on joue avec ce que le public nous donne, avant de le redistribuer après la représentation. Un théâtre pauvre mais riche de son public, riche de ce que nous partageons. Une troupe qui n’a rien, en slip, qui invente chaque soir une pièce unique. Un Avare brigand qui fait sauter joyeusement le verrou de nos cassettes.
Poursuivant son compagnonnage avec John Arnold, qu’il avait déjà dirigé dans La Vie est un songe de Calderón, Les Enivrés de Viripaev et Vania / Vania d’après Tchekhov, Clément Poirée revisite Molière en s’amusant de ce défaut d’Harpagon qui, dans l’impasse de notre société de consommation où l’on redécouvre les valeurs de sobriété et de frugalité, pourrait apparaitre aujourd’hui sous un jour nouveau.