Saison 2012 - 2013
« Le théâtre vit dans le désordre : c’est sa condition d’existence. La grandeur du théâtre est fondée sur un désordre organique, nécessaire, constant. Nous savons, nous autres comédiens, que jouer la comédie est proprement une destruction de soi, une démolition, c’est un désordre obligé…
L’oeuvre du poète aussi est un désordre. Entre son écriture et son jeu, tissus de sensations et de sentiments étroitement entrelacés, la pièce la plus vivante avoue une contradiction permanente, un désordre essentiel. Sa vie et sa fécondité à travers les époques ne sont que la constante exploitation de cette confusion.
C’est un désarroi, un tumulte intérieur qui font naître chez le spectateur la curiosité qui le mène aux portes d’un théâtre. L’effervescence, le trouble, qui président à son installation dans la salle, nous savons qu’ils ne s’apaiseront que par l’imbroglio d’une intrigue, l’incohérence d’une action offerte dans la discorde des personnages. Le succès fait à l’oeuvre représentée ne sera qu’une vaste conflagration de polémiques et de conflits. Ce qu’on appelle divertissement ou évasion n’est qu’un égarement général. L’ordre ici vient d’un désordre, nous le savons.
Aucune des manifestations du théâtre n’obéit à une ligne de conduite. Aucun des gestes ou des rites du vrai théâtre ne procède d’une « tendance ». Il n’y a de recherches et de préoccupations que dans le vague, l’absent, l’indéterminé : dans le chaos. »
Louis Jouvet, Témoignages sur le théâtre.
Grâces soient rendues au Patron pour ce somptueux rappel au désordre, c’est-à-dire, oui, à l’excès, la passion, l’enthousiasme, toutes vertus dionysiaques qui depuis l’origine animent l’Art du Théâtre. Sachons-lui gré aussi de placer l’intrigue, les personnages et leurs conflits au coeur de l’événement qu’est la représentation théâtrale. À quel point l’homme de théâtre exemplaire d’exigence et de rigueur nous apparaît soudain tout proche ! Comme s’il nous tendait la main par-delà le temps et soutenait notre pari sur l’alliance de la fiction et du dialogue dramatique, ainsi que sur l’entrelacs du répertoire et de pièces nouvelles.
Méfions-nous de la « tendance » actuelle : dé-construire, dé-psychologiser, dé-réaliser… un fameux coup de dé(s) certes, mais qui n’est autre, en fait, que le dernier cri de l’académisme ! Halte aux blagues et au reniement ! Il y a une histoire du théâtre qu’il nous revient de continuer. C’est entre elle et l’aventure d’une véritable création dramatique au présent que se situe, encore aujourd’hui, l’enjeu de notre pratique.
Que la saison 2012-2013 nous soit une fois encore la chance de rencontres vivantes, d’émotions partagées et de rires en cascade !
Voilà.
Philippe Adrien
Exposition d'une femme
Lettre d'une psychotique à son analyste
d'après Blandine Solange
mise en scène Philippe Adrien
L'Eden cinéma
(Editions Mercure de France et Folio Gallimard)
de Marguerite Duras
mise en scène Jeanne Champagne
(artiste associée à Equinoxe-Scène nationale de Châteauroux)
L'Assemblée des femmes
d'après Aristophane
libre adaptation de May Bouhada
mise en scène Mylène Bonnet
Les Mystères de Paris
adaptation Charlotte Escamez
d'après Eugène Sue
mise en scène William Mesguich