« Tout le monde dévore Les Mystères de Paris ; ceux qui ne savent pas lire se les font réciter par quelque portier érudit… Les êtres les plus étrangers à toute espèce de littérature connaissent la Goualeuse, le Chourineur, la Chouette, le Maître d'école – assassin à la force herculéenne qui s'est vitriolé le visage. Toute la France s'est occupée pendant plus d'un an des aventures du Prince Rodolphe », témoigne Théophile Gautier. Ce « feuilleton-roman » nous plonge dans les entrailles d'une ville où fourmillent ces « sauvages » qui tuent, puis « peuplent les prisons, les bagnes et dont le sang rougit les échafauds ». L'oeuvre enchaîne et enchevêtre des intrigues qui mènent à des délits châtiés par un héros noble et invulnérable : Rodolphe, « espion de la vertu », qui punit et récompense. Le feuilleton unit procédés romanesques et projets de réforme sociale : « malheurs immérités, vierges convoitées par des monstres, coups de surin, associations occultes, mariages secrets, enfants abandonnés, interrompent et complètent les propos utopiques qui devraient changer la société ». Adapter Les Mystères de Paris, c'est faire entendre la rue et ses rumeurs, le souffle des passions souffrantes, la voix du désarroi, l'immense champ sonore de la société populaire ; et puis « nous comptons un peu, avouait Eugène Sue, sur l'espèce de curiosité craintive qu'excitent quelquefois les spectacles terribles. »