Née lors des fêtes en l'honneur de Dionysos, la comédie grecque garde de son origine le caractère carnavalesque : on s'affranchit des codes de la vie ordinaire, on inverse les rapports sociaux, on donne prévalence au corps et à toutes ses fonctions, on parle une langue crue et imagée. Et si la tragédie puise ses sujets dans le passé du mythe, la comédie, elle, met en scène de petites gens qui s'en prennent avec virulence aux personnalités en place, aux moeurs politiques, voire aux fondements de la société : ainsi de cette Assemblée des femmes, et l'on sait qu'elles en étaient exclues, comme de toute vie publique et politique. Voici donc les Athéniennes décidées à prendre en mains le destin de la Cité. Vêtues des frusques de leurs maris, elles établissent une nouvelle constitution : égalité absolue entre tous ; communauté de la terre, de l'argent, des biens… des corps : « N'auront le droit de coucher avec de beaux hommes que celles qui, au préalable, auront accordé leurs faveurs aux moches et aux nabots ». Un théâtre bouffon, oui, mais engagé, qui cristallise les revendications politiques, économiques, culturelles sur l'égalité des hommes et des femmes : Aristophane esquisse un plaidoyer sur le vivre ensemble et la place des femmes en politique. Les idées prennent corps et le théâtre sait, par le rire, ébranler les certitudes : dénoncer ce qui est mais aussi proposer une autre distribution des rôles. Autrefois comme aujourd'hui.