Saison 2007 - 2008

«... Mais alors, à la Tempête vous ne faites pas de danse ? Il n’y a jamais de concerts ? Et des expositions? Des réunions politiques ? Vous faites bien des lectures, tout de même ? » À ces questions récurrentes, j’aimerais pouvoir répondre avec le sourire :

«Vous savez, La Tempête, c’est la fête toute l’année – ce qui est vrai – et comme nous avons quantité d’amis musiciens, ils nous rejoignent les soirs de première, les soirs de dernière, pour les anniversaires, les mariages, les naissances… et alors, tout naturellement, ils jouent leurs musiques, et tous ceux qui se trouvent là, artistes et spectateurs se mettent à danser ! Sans même en avoir conscience, ils renouent ainsi l’antique alliance, dansant dans un théâtre, sous le signe de Dionysos… Venez donc quand vous voulez !…» Oui, faire de l’ironie.

Mais, le plus souvent, je me retrouve un rien crispé et réplique de façon plus ou moins lapidaire que non, parce que La Tempête, « bon Dieu ! », c’est un Théâtre ! Je me retiens, mais fulmine intérieurement : « Puissions-nous, par-dessus tout être préservés de la Foire ambiante ! ». Voilà. La Tempête est un théâtre, du reste c’est tout noir et ça ne ressemble pas à un théâtre ; nous sommes entre nous, pas toujours très nombreux, et nous pratiquons ensemble un rituel très ancien, si ancien que le sens en est presque oublié… Il faut donc se concentrer sur une visée claire : nous, c’est la fiction, le dialogue dramatique, la scène et ses artefacts, les acteurs et le jeu! Mieux vaut le faire vraiment et ne pas avoir le texte en main – voilà pour les lectures !… Risquer le coup du théâtre comme langue vivante, marcher à contre-courant de l’époque, tant pis ! Une humeur de chien… 

Il faut pourtant que j’arrête de faire l’idiot : il n’est pas au théâtre de parole qui ne puisse devenir un chant, de mouvement qui ne soit aussi une danse… Mais je me souviens encore de m’être indigné du mépris de Vitez pour les « auteurs-scénaristes ». Il leur opposait les poètes dont il voulait donner à entendre la voix. J’ai préféré me défendre de toute emphase, m’attachant à soutenir, oui même pour Claudel, que le texte dramatique, ce qui se dit en scène, est avant tout un échange de paroles, des paroles qui surgissent à l’instant, sinon, «quel ennui ! ». En cas de contestation, j’appelais à la rescousse Henri Michaux qui trouvait qu’il n’y avait pas tant de poésie dans les poèmes… Cette polémique, passée à peu près inaperçue, a pourtant stimulé ma pratique. Il m’a fallu, à deux reprises, mettre en scène Racine pour vérifier tant au plan intime que technique, ce qui déjà m’était apparu dans la pédagogie du jeu: il est des textes dramatiques, dont certains passages excèdent l’aspect de dialogue pour toucher au sublime du poème. Cette écriture réclame de la part des acteurs une sensibilité et un engagement particuliers.

Oui, il y a la poésie des poètes, la poésie à dire, proférer, chanter, murmurer, ou pourquoi pas, souffler… Aragon, tenez : « J’ai donné mon temps, le plus clair de mon temps au passage du mot à l’image et de l’image au mot… » La scène est l’espace singulier d’une alchimie comparable. La poésie n’y est pas donnée pour autant. Faire silence, attendre, prendre patience… Je songe à Beckett… écouter, regarder, guetter… et à Jean de la Croix : « ce je ne sais quoi qu’on atteint d’aventure…».

Don Quichotte

d'après Cervantes
mise en scene Philippe Adrien

Primitifs, about Chester Himes

de Kouam Tawa, d'après Chester Himes, Howard Zinn
conception et mise en scène Eva Doumbia

Exils 4

de Aristide Tarnagda
mise en scène Eva Doumbia

Chemin du ciel (Himmelweg)

de Juan Mayorga
mise en scene Jorge Lavelli

Othello

de Shakespeare
mise en scene Gilles Bouillon

Sédimentation des bourrasques

conception artistique et mise en scène Olivier Comte

On ne badine pas avec l'amour

de Musset
mise en scene Philippe Faure

Jouer avec Nicomède

d'après Corneille
mise en scène Brigitte Jaques-Wajeman

La Mouette (reprise)

de Anton Tchekhov
mise en scène Philippe Adrien

Coeurs de Vaches

de Anne Avrane
mise en scene Marie-Do Fréval

Cinq hommes

de Daniel Keene
mise en scene Robert Bouvier

Roméo et Juliette

d'après Shakespeare
mise en scene Pauline Bureau

Amerika

de Kafka
mise en scène Nicolas Liautard

Rencontres à la Cartoucherie 2008

150 artistes - auteurs, comédiens et metteurs en scène interrogent le monde d'aujourd'hui