Saison 2014 - 2015
Retour d’Avignon – nous sommes si fragiles… l’intérêt des puissants ne justifie pas que l’humain soit mis à mal – oui, il faut lutter et persévérer. Ce sera bientôt à la Tempête l’ouverture de la saison 2014/2015… Et puisque nous avons conclu la précédente par des extraits de quelques dialogues de Platon sur la « pléonexie » – cette propension du genre humain à vouloir toujours plus – je vous proposerais volontiers de rester en Grèce pour découvrir notre programme à l’aune de l’enthousiasme où, selon ces hommes du Ve siècle avant J.-C., le théâtre trouve son origine – élan, énergie et souffle. Là, quittant l’idéal platonicien d’équilibre et de mesure, je m’autoriserais de Dionysos, ce démon de la nature dans son extrême variété, pour démêler, tirer et dérouler avec vous les fils de l’écheveau que nous avons préparé : ainsi, à la tranquillité des jours et des heures va se trouver opposée l’avidité sans frein de notre époque déchaînée… Et si ensuite vous tirez sur tel autre brin – ne pas l’oublier, c’est une divinité complexe qui nous guide : ne dit-on pas que née deux fois, elle protège les arbres et dévore la chair vive !? oui, Dionysos, Bromios, Bakkhos… tant de noms et de rôles ! – alors, vous verrez, il n’y aura rien d’étonnant à ce que vous entendiez soudain l’appel de l’Afrique, les tambours, les chants et les danses, le rire et les sanglots du jazz mêlés aux stridences du fouet. Vous verrez qu’il n’y a pas de limites à la misère et à l’exclusion. Avec la crapulerie des politiques, les premiers émois du désir, l’étrange conjonction des hommes et des femmes, les avatars de l’amour et de la haine sans cesse recommencés, on en viendrait à redouter de se trouver en proie à une machination infernale… Mais n’ayez crainte, si l’homme est un prodige terrifiant et fascinant à la fois, Dionysos, son divin complice qui n’est autre que le théâtre lui-même, s’entend comme personne à susciter des pièges mais aussi toute sorte de surprises et de joies.
À bientôt.
Philippe Adrien
La Grande Nouvelle
d'après Le Malade imaginaire de Molière
de Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien
mise en scène Philippe Adrien
Le Révizor
OU L'INSPECTEUR DU GOUVERNEMENT
de Nicolas Gogol
adaptation et mise en scène Paula Giusti
Quatre images de l'amour
publié sous le titre
L'amour en quatre tableaux (L'Arche Editeur)
de Lukas Bärfuss
création du collectif DRAO