« Il faudrait, pour figurer le chagrin réfléchi, toute une série d'images successives », notait Kierkegaard. En voici quatre, choisies par l'auteur suisse-allemand Bärfuss pour ce huis clos savamment construit et ironiquement sous-titré : drame bourgeois. Les ingrédients y sont : chambre d'hôtel, intérieur cossu, milieu aisé, adultère… Mais c'est au film noir que nous renvoient l'indécidable de la situation, la temporalité condensée, l'atmosphère et le suspense. Insolites, vénéneux, complexes, les personnages parcourent le labyrinthe de leur âme mais butent sur un mystère : « On ne connaît pas le coeur d'un homme. » Et l'auteur d'ajouter : « On parle peu du comique de mes pièces… Je me sens parfois incompris. » Résolument tourné vers les oeuvres et les auteurs contemporains, le collectif Drao s'est constitué au Théâtre de la Tempête en 2003 : il y a successivement présenté Derniers remords avant l'oubli de Jean-Luc Lagarce, Push Up de Roland Schimmelpfennig et plus récemment Petites Histoires de la folie ordinaire de Petr Zelenka.