« – Je vous ai convoqués, messieurs, pour vous faire part d'une très fâcheuse nouvelle : il nous arrive un révizor. – Comment, un inspecteur général ? – Oui, de Pétersbourg … incognito. Et, de plus, avec des instructions secrètes ». Dans la petite ville de province où règnent le désordre et l'incurie, c'est le branle-bas. Juge, gouverneur, directeur des postes, marchands et domestiques : les personnages de Gogol sont emportés dans une rafale d'événements burlesques, un tourbillon de malentendus. « La machine entière doit être ébranlée, aucun rouage ne doit rester hors du mouvement », et quand le mensonge est partout, c'est la peur irrationnelle qui transforme en mirage collectif un pauvre type, imposteur involontaire… « Le Diable nous a ensorcelés ! » Le brouillard qui entoure les personnages se change en universel chaos ; Gogol scrute le quotidien jusqu'à en révéler le fond pathétique. « Le seul personnage honnête, affirme-t-il, c'est le rire. » Du précédent spectacle de Paola Giusti, Le Grand Cahier d'après Agota Kristof, Ariane Mnouchkine a pu écrire : « Le dessin des corps, la simplicité de l'ensemble et en même temps l'humour, bref la théâtralité fraîche mais déjà très mûre de votre travail m'a vraiment surprise et émue. »