Ne pas donner d’emblée toutes les clés. Qui est ce "je" et de quelle perte parle-t-on dans ce titre ? Pour son retour à la Tempête, Guillermo Pisani s’empare d’une question tout aussi théâtrale que politique : comment (se) représente-t-on une personne étrangère ? Qui est étranger aux yeux de qui ? Adepte des questions ouvertes, l’auteur et metteur en scène argentin nous entraîne dans une suite théâtrale jubilatoire, composée en trois temps, trois genres littéraires distincts, pour tenter de saisir la complexité du sujet. Ça démarre par une situation en apparence banale. Un demandeur d’asile est hébergé par une jeune Française. Une menace, réelle ou imaginaire, s’insinue peu à peu dans leur quotidien. On glisse ensuite dans le vaudeville : des comédiens répètent une pièce d’un auteur syrien qui parle des Parisiens, mais comment les incarner ? On aboutit enfin au polar au sein d’un labo de recherches, chacun se méfiant de l’autre. S’il ne s’agit nullement de résoudre sur scène des problèmes par ailleurs difficiles à cerner, on peut tenter par le jeu et la puissance du théâtre de pointer l’asymétrie de nos rapports sociaux et peut-être aussi l’épineuse et passionnante question de l’identité.
avec Caroline Arrouas, Boutaïna El Fekkak, Arthur Igual lumières Clara Pannet sur une conception de Bruno Marsol conseil scénographie, costumes Céline Perrigon
production Compagnie LSDI en coproduction avec Théâtre Ouvert – Centre national des dramaturgies contemporaines avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, de La Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon – Centre national des écritures du spectacle, de Lilas en scène avec le soutien et l’accompagnement technique des Plateaux Sauvages en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête production/diffusion Le Petit Bureau – Virginie Hammel presse ZEF – Isabelle Muraour