Les Enivrés
de Ivan Viripaev texte français Tania Moguilevskaia et Gilles Morel
mise en scène Clément Poirée
Les nuages s’amoncellent dans notre ciel, venant de l’est et de l’ouest, du nord et du sud.
Et nous, que fait-on ? Sommes-nous condamnés, comme la mer face au ciel, à refléter les couleurs de notre époque ?
Notre vie intérieure se résume-t-elle à l’état du monde ? Triste, défiante, angoissée, nerveuse ?
En jetant un oeil sur la saison qui s’engage – cette vision d’ensemble, on ne peut l’avoir qu’a posteriori ; les choix sont toujours singuliers, indisciplinés
– je vois à ma grande surprise se tisser des correspondances, un geste commun : le pas de côté.
Chaque spectacle, chacun à sa manière, s’attache au destin de gens qui ne peuvent ou ne veulent plus participer au monde comme il va.
Comme autant de météores ils quittent leur orbite.
Héroïsme, ivresse, crime, art, déraison, repli, fuite…
Un pas de côté, et déjà on échappe à une société dans laquelle on ne se reconnait plus.
Un pas de côté, et déjà on s’aventure. Le premier pas vers l’inconnu. On défriche. On découvre.
Un pas de côté, et encore un, et encore un…
C’est une danse, de Saint Guy ou de derviche ; malgré tout, le corps trouve moyen de jubiler.
Et si notre coeur battait dans la marge ?
Choisir le pas de côté pour un théâtre au moment où le monde se présente à nous, toujours plus inquiétant, lourd, indéchiffrable, est-ce de l’évitement ?
Est-ce fuir ses responsabilités ? Peut-être. Peut-être…
Ou peut-être pas : Le théâtre, étymologiquement le lieu d’où l’on regarde, c’est aussi l’art de se décaler pour chercher un nouveau point de vue, mieux voir.
Et se décaler légèrement, c’est introduire du jeu, un peu d’espace, un peu d’air dans nos rouages intérieurs, respirer mieux, ne pas se gripper.
Par gros temps la Tempête danse de plus belle.
Clément Poirée
de Ivan Viripaev texte français Tania Moguilevskaia et Gilles Morel
mise en scène Clément Poirée
texte Jean-Luc A. d'Asciano
mise en scène et chorégraphie Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth