Saison 2008 - 2009
C'est avec Amerika, le roman de jeunesse de Kafka, que nous avons conclu la saison. Les flonflons publicitaires du Grand Théâtre d’Oklahoma se sont éloignés, mais cet avatar poétique du rêve américain – qui ne laisse personne sur le carreau et donne à chacun son meilleur rôle – n’est pas sans laisser de traces : il nous évoque le libéralisme triomphant d’aujourd’hui, ses promesses… et notre inquiétude.
Songeant à Karl Rossmann et aux aléas qu’il rencontre dans sa découverte de l’Amérique, je pense aux jeunes spectateurs que nous accueillons, à ce qu’il en sera de leur des tin. Je me suis toujours défendu d’engager notre pratique dans une résistance manifeste, croyant à l’efficace de l’acte théâtral en lui-même. Comme dit Sorine dans La Mouette :
« Le théâtre, on ne pourra jamais s’en passer… » Bien dit.
Mais que peut-on en croire aujourd’hui, en pleine explosion du numérique et du virtuel ? Le théâtre, celui que l’on nomme « théâtre de paroles », et qui n’aurait pas tant d’importance – à quoi bon se parler, à quoi bon surtout discuter ? – permet de toucher au mystère de ce qui nous occupe.
C’est sa fonction. Il la tient du dialogue dramatique, de cette dialectique qui depuis les Grecs est au principe de notre art comme de notre culture. En démocratie, tout le monde y a droit et c’est une des raisons, l’autre étant économique, qui fonde l’idée d’un théâtre public soutenu par le pouvoir politique.
Dans cet esprit, il n’y a bien sûr aucune concurrence entre l’institution théâtrale et les compagnies dramatiques, entre le répertoire et le théâtre contemporain, mais une nécessaire complémentarité. Que cette saison soit, pour nous tous, la chance renouvelée d’un théâtre en quête d’une langue vivante !
Philippe Adrien
Je ne sais quoi
d'après les chansons d'Yvette Guilbert
et sa correspondance avec Freud
conception et chant Nathalie Joly