Nominations au Molière 2014 de la mise en scène du théâtre public et au Molière 2015 de la révélation féminine (pour le rôle d’Agnès).
Arnolphe a élevé sa pupille Agnès dans l’isolement le plus total afin de faire d’elle une épouse soumise et fidèle. Mais l’innocence équivaut-elle à l’ignorance ? La violence semble être la langue naturelle d’Arnolphe : parler, pour lui, c’est dominer. Vivre ? «Se garantir de toutes les surprises.» Aimer ? Posséder et façonner : « Ainsi que je voudrai, je tournerai son âme. » Le sérieux du projet se donne pour sagesse, mais Chrysalde, l’ami, ne s’y trompe pas : « Je le tiens pour fou de toutes les manières. » Aveuglé, Arnolphe se prend pour un héros de tragédie, mais il n’y a là d’autre fatalité que la logique d’une lubie qui se retourne contre lui : « Jusqu’où la passion peut-elle faire aller ? ». Hélas, le bonhomme se trompe de genre : il n’y a pas de tragédie du cocuage ! Agnès, sous nos yeux, s’éveille aux sensations, au sentiment, à la parole enfin qui, une fois conquise, constitue la véritable école de liberté. L’oiseau est prêt à s’envoler. L’École des femmes, ou la défaite d’une tyrannie… Oui, Molière toujours, pour le défi, l’irrespect, la liberté par émancipation, qui laisse Arnolphe pantelant, « ne pouvant plus parler – Oh ! » sera son dernier mot. Exit. Sous les rires.
avec Patrick Paroux Arnolphe, Valentine Galey en alternance avec Anne-Clotilde Rampon Agnès, Pierre Lefebvre Adrien Horace, Joanna Jianoux Georgette, Gilles Comode Alain, Pierre Diot Chrysalde, Raphaël Almosni en alternance avec Dominique Boissel Le notaire - Enrique, Vladimir Ant Orontedécor Jean Haas lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne musique et son Stéphanie Gibert costumes Cidalia Da Costa maquillages Sophie Niesseron et Pauline Bry collaboration artistique Clément Poirée direction technique Martine Belloc
production : ARRT / Théâtre de la Tempête, subventionné par le ministère de la Culture, avec le soutien de l’Adami (l’Adami gère les droits des artistes-interprètes et consacre une partie des droits perçus à l’aide à la création, à la diffusion et à la formation).
Philippe Adrien donne un coup de jeune à L’École des femmes. (…) Décalée au XIXe siècle, la pièce revêt un côté satirique encore plus véhément et actuel. (…) C’est osé et brillant.
De la dramaturgie à la direction d’acteurs en passant par la scénographie, la proposition artistique de Philippe Adrien est d’une facture remarquable. (…) Le choix des comédiens est brillant. Quelle belle idée d’avoir pris Patrick Paroux pour incarner Arnolphe ! Excellent acteur à son aise dans le drame comme dans la comédie, il nous a régalés. Dans le rôle d’Agnès, on découvre avec bonheur la très prometteuse Valentine Galey. Elle fait vivre cette jeune fille naïve, enfermée dans l’ignorance, qui s’ouvre ou monde. C’est très fin et très beau. Pierre Lefebvre, parfait, apporte à Horace l’entrain de la jeunesse qui ne demande qu’à vivre, à rire et à aimer.
L’amour irradie la pièce. L’amour du vieil Arnolphe, paradoxalement dévorant, incendiaire, absurde, et malgré tout magnifique. La passion naissante d’Agnès et d’Horace, pleine d’insolence, d’ingénuité et, sans doute, éphémère… Philippe Adrien fait tout entendre sous des lumières pleines d’une étrange mélancolie. La cruauté, la folie, le désespoir d’Arnolphe ne sont-ils pas aussi le gage de l’amour le plus vrai, le plus absolu ? Etonnante et effrayante nature humaine, en vérité….