Saison 2006 - 2007

Le théâtre et le monde… La dramaturgie –Racine, Tchekhov, Wesker, Brecht, Horváth, Llamas ou Dea Loher – témoigne avec éclat d’une vérité qui dérange : chez les êtres humains, ou « parlants », aucun comportement, aucune conduite ou relation, aucun discours qui ne comporte quelque aspect d’ambiguïté, de contradiction ou de paradoxe. Le théâtre a la capacité singulière de révéler l’écart entre les pensées, les paroles et les actes. C’est, encore aujourd’hui, sa chance et sa nécessité.

Imaginons… Une salle plongée dans l’obscurité ; sur le plateau, une pièce contemporaine qui dit presque tout sur le monde… La représentation approche de son terme… «La lumière baisse sur R… et monte derrière lui, sur la scène vide. Au fond, par terre, des avions miniatures – autant d’avions que de comédiens. Les avions, tirés par des filins, s’envolent. Va pensiero, sull’ali dorate. Les comédiens entrent en scène et les regardent. Les petits avions continuent à voler doucement, puis ils se perdent dans les cintres.Très fort, le bruit d’un avion qui décolle… »* Vers quelle improbable destination ? Un autre monde, enfin apaisé, ou bien étrange, merveilleux, fantastique ? Le poète, seul, le sait.

À l’orée de cette saison 2006-2007, souhaitons que le Théâtre de la Tempête soit plus que jamais un lieu de partage d’impressions, de sensations, d’idées, mais aussi tout simplement de plaisir, d’enthousiasme et de jubilation.

Philippe Adrien

*Armando Llamas, Meurtres de la princesse juive.