« Détendre les gens et les ouvrir, voilà les deux objectifs de mon travail. » (Ivan Viripaev)
L’écrivain russe contemporain Ivan Viripaev réunit, en une soirée d’ébriété, une galerie de personnages qui nous livrent, au hasard de situations improbables et cocasses, leurs pensées sur l’existence ou sur Dieu. Mais l’ivresse transfigure, et une fois tombé le masque social, la vraie soif peut enfin se dire, celle d’un amour sans condition, dans une totale approbation de la vie. C’est loufoque et pathétique, profondément théâtral par la nature et la qualité des dialogues. Dans la lignée des personnages excessifs de Dostoïevski, l’humanité clame ici son besoin d’absolu et, tournant le dos aux obligations, se refuse à la résignation comme au ressentiment. Si Viripaev se démarque de toute logique dramatique comme de tout théâtre documentaire, c’est pour introduire, musicalement, thèmes et motifs susceptibles de déclencher une réflexion et une émotion réelles : « J’essaie d’écrire sur l’invisible, sur la réalité spirituelle cachée à nos yeux. Et malheureusement, nous sommes aveugles. » L’œuvre nous place en ce lieu d’exubérance, de dépassement de l’individualité, de renversement à la fois violent, merveilleux, carnavalesque où se conjoignent déchéance et sublime. Les Enivrés ou la quête du Ciel dans le bas.