Dans cette « haute » comédie de Molière, il y a, bien sûr, l'avarice d'Harpagon, la monstruosité de ce personnage extrême, qui confine au burlesque, à la bouffonnerie, au fantastique. Mais la pièce est surtout l'histoire d'une société bloquée, où la jeunesse est mise en cage pour satisfaire la folie du père. C'est une famille en guerre. Une maison « balkanisée » où les conduites d'eau ne sont plus entretenues, qui n'est plus chauffée, et où l'on est obligé de superposer plusieurs couches de vêtements pour ne pas mourir de froid. Alain Gautré est clown et joue Harpagon. Il a transmis son art aux élèves du Conservatoire national - promotion 2005. Il les met en scène dans cette farce terrible, ce cauchemar drolatique : le jeu clownesque épousant de manière évidente les contours tragiques de la pièce de Molière. Cet Avare-ci est une tragédie qui déclenche le rire, une chorégraphie des passions et des désillusions qui ressemble à un ballet funèbre, grinçant et drôle. Forcément drôle.