Jouer, pour nous, est un acte charnel, joyeux, collectif et complexe. Depuis plus de quinze ans,
au sein de la compagnie l’Argument, nous défendons des dramaturgies exigeantes, un théâtre de proximité physique, politique et émotionnel en mettant en place des dispositifs qui questionnent le rapport aux spectateurs. Travesti.e.s, monstrueux.ses, ambivalent.e.s, nous aimons explorer les codes du théâtre. Nous aimons les mises en jeu « à vue » des artifices de la représentation afin que les comédien.ne.s puissent être dans le même instant, virtuoses et maladroit.e.s !
Nous avons besoin d’engager sauvagement nos corps dans un aller-retour permanent entre incarnation et désincarnation. Pour ce stage, nous vous proposons d’expérimenter ensemble ce jeu de « va-et-vient » en explorant le « sickamour » (amour malade/malade d’amour) par le biais des déclarations d’amour. Nous chercherons le surgissement d’une langue organique d’une grande intensité émotionnelle, mais aussi d’une danse inattendue. « L’amour malade n’est pas ce qui sauve, mais ce qui enferme ; il n’est pas ce qui rend bon et joyeux, mais triste et méchant, égoïste et cruel », nous dit l’essayiste Pacôme Thiellement.
Les déclarations d’amour sont de ce point de vue un exutoire, elles se situent résolument hors du temps, serpentent en montagnes russes et modifient nos trames intérieures. Elles sont le moteur de récits et permettent à ce qui est conditionné et déterminé d’envisager l’inconditionné et l’indéterminé.
Shakespeare est une référence inépuisable quand on parle d’amour malade, mais nous nous appuierons sur toute œuvre susceptible de provoquer un surgissement, une déclaration : théâtre classique et contemporain, comédie musicale, cinéma, série, roman, peinture, chanson, improvisation, rêve... De Shakespeare à Kae Tempest en passant par Claudel, Racine, Rostand, Godard, Truffaut, Demy, Lagarce, Anaïs Nin, Piaf, Tiago Rodrigues... Nous laisserons aux futurs stagiaires la liberté de venir avec leurs propositions. Une grande place sera donnée à l’autonomie et à la création collective.
Gilles Nicolas et Maïa Sandoz
