Tout commence dans l’antre de la reine qui se meurt au milieu de ses amazones. Tout un mythe dans ce nom ici démultiplié, Penthésilé·e·s. L’autrice Marie Dilasser ajoute un sous-titre Amazonomachie pour dire d’emblée l’affrontement. Le combat des origines qui nous ramène à Troie aux côtés d’Achille, mais aussi tous les autres, plus actuels, que mènent les femmes. De la naissance ou du cœur, quelle loi privilégier ? Au plateau, la lutte fait vibrer les voix, jusqu’au fond des gorges, danser les corps au plus profond des entrailles. Amazone impossible à cerner, à contenir dans un genre défini, guerrière indomptable, Penthésilée s’inscrit dans une longue lignée de femmes qui un jour ont eu affaire au pouvoir, qu’elles se battent pour le conquérir ou le conserver. S’il était déjà question de la puissance féminine chez Kleist, dans cette amazonomachie, ce sont toutes les facettes de la personnalité, toutes les voix de la reine des amazones qui sont exposées jusque dans sa part d’ombre. Laëtitia Guédon propose un spectacle polyphonique, théâtral et chorégraphié pour tous les sens, véritablement indiscipliné. Tenter de redonner vie à cette figure mythologique aux contours indéfinissables entre l’homme, la femme, et l’animal, vers une possible réconciliation des genres.
avec Sonia Bonny, Seydou Boro, Juliette Boudet, Mathilde de Carné, Marie-Pascale Dubé, Lorry Hardel, Lucile Pouthier scénographie Charles Chauvet vidéo Benoît Lahoz son Jérôme Castel lumières Léa Maris régie générale Carole van Bellegem costumes Charles Chauvet, Charlotte Coffinet conception maquillage, coiffure Laëtitia Guédon, Ariane Edzimbi arrangements Grégoire Letouvet chef de chœur Nikola Takovassistanat à la mise en scène Quentin Amiot direction de production En Votre Compagnie – Olivier Talpaert presse Elektronlibre – Olivier Saksik
production Compagnie 0,10 en coproduction avec le Festival d’Avignon, la Comédie de Caen – CDN de Normandie, le Théâtre des Ilets – CDN de Montluçon, Tropiques Atrium – scène nationale de Martinique, L’Artchipel – scène nationale de la Guadeloupe avec le soutien et l’accompagnement technique des Plateaux Sauvages – Fabrique artistique de la ville de Paris avec le soutien de la DRAC et de la région Ile-de-France avec l’aide du Centquatre-Paris en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
Le livre est édité aux Solitaires Intempestifs.
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Le spectacle est magnifique. Il est une longue répétition d’un discours dans des explications, des déclamations, des musiques sacrées et des danses rituelles.
Laëtitia Guédon propose une magnifique évocation de la reine des amazonese. Une recherche audacieuse et passionnante sur le rapport des femmes au pouvoir. Entre mythe et perspective, un spectacle troublant et puissant.
Sur scène, alors que le corps en mouvement danse le trouble d’être à la fois Achille et/ou Penthésilée, un chœur de quatre femmes le rejoint et vient exprimer la force de la polyphonie. À cet instant, tout semble cohabiter.
Laëtitia Guédon a souhaité avec ce spectacle rendre hommage aux femmes qui luttent pour prendre leur place. Avec lenteur, elle décline ce récit fantasmagorique qui mêle théâtre, chant, danse et vidéo interprété par une troupe soudée.
Du théâtre radicalement féministe et plein de douceur ? au langage lyrique et cru ? capable à la fois de faire gamberger, de déconcerter et d'émerveiller ? C'est possible…
[À ÉCOUTER] émission Le Manteau d'Arlequin à partir de 7 min 55. "Une belle mise en scène… Cette version d'une Penthélisée féministe avant l'heure espère une réconciliation des genres."
La mise en scène de Laëtitia Guédon exprime les identités féminines avec finesse et grâce. La comédienne Lorry Hardel offre à cette reine mythologique une aura et un charisme inébranlables.
Traitant, notamment, du pouvoir, de la condition féminine et des relations hommes/femmes, ainsi que du combat des femmes contre le patriarcat, ce magnifique spectacle prend appui sur un texte de haut vol de Marie Dilasser.
La pièce nous plonge dans un univers d’entre les mondes où la parole se fait musique, mélopée articulée d’un voyage initiatique et où la musique à son tour se fait parole.
Quatre comédiennes, Sonia Bonny, Juliette Boudet, Mathilde de Carné, Lucile Pouthier, aux voix d’anges, interprètent des chants sacrés. Ce quatuor de femmes vient soutenir sur le plateau la proclamation poétique que porte avec force Lorry Hardel.
Le spectacle "indiscipliné" est polymorphe, élaboré à partir d'un mythe très ancien qui n'en révèle pas moins l'actualité brûlante d'un monde en évolution où les femmes tentent de prendre une place nouvelle.
Défenseuse d'une "esthétique indisciplinée", Laëtitia Guédon orchestre une rencontre fructueuse entre un texte puissant, souvent cru, des chants sacrés juifs et le jeu de trois acteurs.
Laëtitia Guédon dissèque la puissance féminine à travers la figure de Penthésilées, reine des Amazones et héroïne méconnue de la guerre de Troie. Un voyage onirique au plus profond de soi.
Avec beaucoup d'intelligence et de maîtrise de son propos et de son art et par une proposition politique radicale, Laëtitia Guédon évite tous les pièges tendus par une thématqiue en apparence consensuelle.
Laëtitia Guédon s'empare de Penthésilé.e.s/Amazonomachie de Marie Dilasser et orchestre un oratorio pour les temps nouveaux, où la comédienne Lorry Hardel s'impose en patronne de la scène.
Bien plus qu'un manifeste féministe, le spectacle de Laëtitia Guédon est un hymne à la "viridité" qui, au XXe siècle et sous la plume d'Hildegarde de Bigen, désigne une vitalité féconde et créatrice.
La partition musicale originale de Marie-Pascale Dubé et les chants funèbres baroques ou populaires sont portés par Sonia Bonny, Juliette Boudet, Lucile Pouthier et Mathilde de Carné, impécables interprètes et comédiennes.
Un décor sombre modulé par des lumières chaudes, très minéral, structuré par un écran horizontal en fond de scène et un podium jonché de bougies comme un autel qiu attendrait une cérémonie sacrificielle.
Le spectacle pose la question de la puissance du féminin ici et maintenant. La jeune Lorry Hardel porte le texte engagé et lyrique de Marie Dilasser avec force et lumière.
Un moment parfois obscur mais qui ne laisse personne indifférent pour peu que l'on sache lâcher prise pour se laisser emporter par la metteuse en scène. Un œuvre exigeante.
Il ne s'agit pas d'additionner les langages au nom d'une modernité mais de les combiner au service d'une lithurgie souveraine, d'une prière d'espoir qui porte au plus haut l'art de l'indiscipline.