Jamais trop de Shakespeare pour secouer nos âmes. Pour cette nouvelle création de Gérard Watkins à La Tempête, c’est à un rendez-vous magnétique avec le fils du roi du Danemark qu’il faut se préparer, d’une autre époque, sans doute un peu sixties. Tout est-il définitivement pourri dans le royaume ? Les fantômes des pères n’en finissent pas de se promener, le spectre de révéler la maladie. La conscience ne fait-elle pas de nous des lâches, irrésolus ? Dans une toute nouvelle traduction, il sera question, entre autres, de dénoncer le patriarcat, la violence des pères, leur amour enfermant. Faire endosser le rôle du prince à une femme, c’est renouer avec une tradition qui n’est pas innocente. C’est la comédienne Anne Alvaro qui incarnera “cet esprit chancelant au bord du gouffre”, selon la formule de Bonnefoy, les multiples formes de la folie. À ses côtés, toute une troupe de comédiens sera jetée dans une agora permanente, survoltée, pour tenter de traduire les troubles que nous sommes en train de vivre. Folie révélatrice, miroir absolu de notre société comme monde instable et transitoire. “That is the question.”
avec Anne Alvaro, Solène Arbel, Salomé Ayache, Gaël Baron, Mama Bouras, Julie Denisse, Basile Duchmann, David Gouhier, Fabien Orcier, Gérard Watkins assistanat à la mise en scène Lucie Epicureo, Lola Roy scénographie François Gauthier Lafaye assisté de Clément Vriet lumières Anne Vaglio assistée de Juliette Besançon costumes Lucie Durand assistée de Zoé Le Liboux et Camille Barbaza couturière Gwenn Tillenon son, régie son François Vatin régie générale Nicolas Guellier, François Gauthier Lafaye
production Perdita ensemble, compagnie conventionnée par la DRAC Ile-de-France en coproduction avec le TnBA – Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine – CDN, le Théâtre de Lorient – CDN, le CDN Besançon Franche-Comté, la Comédie de Caen – CDN de Normandie avec le soutien du ministère de la Culture et du fonds d'insertion pour Jeunes artistes dramatiques DRAC et de la Région Provence-Alpes-Côte d'azur (Fijad) la participation artistique du Jeune théâtre national avec l’aide à la diffusion de la Région Ile-de-France et de la Ville de Paris en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
Le texte est publié aux éditions : esse-que. remerciements aux Chiens de Navarre et à la compagnie Moukden Théâtre.
Biographies
La Presse en parle
ARTISTIK REZO
Fidèle mais très inspirée de slam et de poésie chantée, la riche et flamboyante traduction de Gérard Watkins, qui interprète un piètre Claudius, ne se prive pas de nombreux jeux sur les mots et les sonorités.
Gérard Watkins, dans ses pirouettes incessantes où humour et drame jouent à volte-face, tire une révérence survoltée au théâtre avec une délectation que le public partage.
La traduction de Gérard Watkins, un excellent travail sur un texte direct et parfois rude, en prise avec le grand écart permanent du théâtre élisabéthain, voguant entre poésie et pourriture du langage.
Souvent drôle, ce spectacle est mis en scène de façon originale et créative par Gérard Watkins, dont c’est la première mise en scène d’un texte qu’il n’a pas écrit.
Au concert rock du spectre de la tragique histoire, Anne Alvaro habillée de la couleur des ténèbres, joue avec toutes les nuances du noir. Longtemps après Sarah Bernhardt, elle nous émerveille en nous contant son Hamlet.
Gérard Watkins se prête au jeu des Instantanés d'Olivier Frégaville : – Quel roman rêveriez-vous d'adapter au théâtre ? – Les Aventures d'Arthur Gordon Pym de Poe
Watkins affirme un regard singulier, une liberté de ton où les répliques fusent, soulignant le grotesque et le pathétique, où les passions amoureuses sont têtues, naïves, les coups fourrés prévisibles et l’humour, au détour d’une phrase, si anglais.
Gérard Watkins, dans cette nouvelle traduction, a choisi de se détacher par endroits de la littérarité du texte pour redonner à la parole du dramaturge anglais une énergie que des siècles de représentation ont quelque peu érodée. Le pari est réussi…
Après avoir minutieusement traduit le texte original pour, tout en en préservant l'authenticité, y injecter dans les plis du discours ses propres motifs, Gérard Watkins propose trois heures et plus d'effervescence permanente.
On m'avait promis un spectacle atypique et ébouriffant, rock et poétique, drôle et émouvant dans une vision ultra-contemporaine et moderne. Le pari est gagné. Bravo.
Cet Hamlet, aux accents 60/70 qui commence, un peu, comme un soap ppera enchaîne les moments d’anthologie avec une très belle écriture magnifiquement vivante pour se terminer en apothéose dans une scène finale absolument sublime.
Grâce à de saisissantes inventions scéniques, le spectacle est de ceux, si rares, qui portent à de multiples endroits l'empreinte du génie shakespearien
Watkins ose une mise en scène rock et en même temps neurasthénique du chef d’œuvre de Shakespeare ; il restitue dans l’actuel notre monde hanté par la violence. Le Hamlet de Watkins se plante au creux de notre temps.
Anne Alvaro réalise un portrait du personnage d’Hamlet, avec un art consommé dans l’apparente simplicité, dans sa manière d’intérioriser sa relation au monde, jusqu’à s’en détacher, d’une admirable subtilité.
La version de Gérard Watkins, sous une forme qu’on pourrait qualifier de "comédie dramatique", ne perd rien du caractère énigmatique, de la complexité et de l’humour d’Hamlet, y compris dans ses moments les plus dramatiques.
"Si j'ai les mots et le costume d'Hamlet, je n'ai pas besoin de tenter autre chose que d'être dans le grain de ce personnage. Il a une portée universelle dans l'épaisseur des questions métaphysiques qu'il pose". Anne Alvaro
"J’ai désiré transmettre aux acteurs ce que j’entends du texte, qui interroge les thèmes de la violence en héritage, la révolte impossible, les conflits intergénérationnels, l’art de l’inaction, la folie et son masque, le métathéâtre." Gérard Watkins
Le spectre est de retour ! Gérard Watkins crée au TnBA une mise en scène du chef d’œuvre de Shakespeare hantée par la violence du monde contemporain, portée par l’incandescence d’Anne Alvaro.