Tous les amis de la Tempête se souviennent des Rencontres à la Cartoucherie consacrées au politique. Le désir reste fort d'un événement destiné à boucler dans l'enthousiasme la saison théâtrale. Chaque année, La Tempête donne 300 représentations et pourtant nous sommes en manque de théâtre. Ce n'est qu'une impression, mais dans le théâtre tel qu'il va, il y a bien sûr du théâtre et aussi une curieuse absence de ce qui nous passionne, nous dépasse et nous bouleverse. Le voici en ce mois de juin tel que Claudel l'évoquait : « à l'état naissant », comme il peut advenir sans l'appareil dans lequel notre exigence tend à l'enfermer. Un surgissement. Ni thème, ni ligne, ni objectif, mais une poussée de sève, d'émergences, de vie.
PROGRAMME
Inoculez-moi encore une fois le sida et je vous donne le nom de la rose de Blandine Solange
Adressé à un psychanalyste qui ne le recevra pas, ce document, incantatoire et fragile, est la chronique hallucinée d'une mort annoncée et nous plonge dans l'univers infréquentable de l'artiste en proie à la déraison ; à la fois mise à nu exhibitionniste et autoportrait littéraire qui accompagne le travail pictural de l'auteur.
> les 9, 10 et 11 juin à 19h30
Partage de midi de Paul Claudel
Sur un bateau vers la Chine une femme, Ysé, et trois hommes : De Ciz, son mari qui espère faire fortune ; Amalric, planteur et aventurier ; Mesa, jeune commissaire des douanes et ancien séminariste, irrésistiblement attiré par Ysé. La pièce retrace l'aventure claudelienne de 1900-1905 et peint moins « les passions que la passion d'un homme.» Célébration et sacralisation de l'amour.
> les 9, 10 et 11 juin à 21h
Ourika de Claire de Duras
« Je fus rapportée du Sénégal à l'âge de deux ans par Monsieur le chevalier de B. qui en était gouverneur ». Mais à l'adolescence tombe cette phrase-couperet : « Qui voudra jamais épouser une négresse ? » Ce récit, publié en 1823, aborde la question de la ségrégation raciale ; il est porté par Lisette Malidor qui a déjà interprété, avec Ph. Adrien, La Fiancée du vent, textes et chansons sur l'esclavage.
> les 14, 15 et 16 juin à 19h30
Rêves écriture collective
Des rêves ? Quelle idée ! Et pourtant, oui, nous allons sans doute refaire des rêves - comme en 84, ceux de Kafka - recueillir des récits de rêves, puis les mettre en scène : représenter des rêves... Bien sûr, les rêves concernent l'intime, mais à leur manière contradictoire, ambigüe, lapidaire et plus ou moins baroque, ils témoignent aussi de notre être dans le monde, de nos peurs, de nos questions, de nos colères, de nos engagements et de nos fuites.
> les 14, 15 et 16 juin à 21h
L'espoir, encore, maintenant ? d'après Jean-Paul Sartre et Benny Lévy
L'Espoir maintenant, entretiens de Jean-Paul Sartre avec Bénny Lévy, fit scandale à sa parution en 1980. S'y déploie une pensée qui cherche l'« esquisse d'une pensée morale et le vrai principe de la gauche » ; en étroit rapport selon eux avec l'espoir et le désir d'une société où les gens vivraient enfin les uns pour les autres. Cérémonie de la naissance d'une pensée nouvelle : mais qu'en est-il aujourd'hui ?
> les 17 et 18 juin à 19h30, le 19 juin à 15h30
Protée de Paul Claudel
La nymphe Brindosier et sa troupe de satyres, prisonniers du Dieu Protée dans l'Ile de Naxos, veulent profiter de l'arrivée de Ménélas et Hélène, retour de Troie, pour s'évader. Elle fait croire à Ménélas qu'elle est la véritable Hélène... « Vous savez, écrivait Claudel, le goût que j'ai toujours eu pour la farce que je considère comme la forme exaspérée du lyrisme et l'expression héroïque de la joie de vivre. »
> les 17 et 18 juin à 21h, le 19 juin à 17h
Et aussi... deux lectures
Adoss de Jean-Louis Bauer
Quand on a 17 ans, il n'y a pas de frontière entre les rêves et la réalité. Justement, Thomas rêve d'être réalisateur de films, mais le problème est qu'il est accro à Mario. Linda, elle, est persuadée qu'elle a été enlevée bébé et que ses vrais parents sont musulmans. Jack, lui, vit une passion sur Internet avec un amant japonais auteur de mangas catastrophes. Et puis il y a Mario Bros, en chair et en os, le fantôme d'Aïcha, la femme du prophète, et enfin Alexandra, un vrai phénomène : elle, dans sa famille, il y a pas de problèmes… Et tout ça se passe demain matin, dans une nature bouffée par la ville.
> le samedi 11 juin à 17h30
Points cardinaux de et par Olivier Hémon
Points cardinaux. C'est le nom d'un de ces lieux qui tiennent de la prison, de la maison de repos, de la cour des miracles où Olivier – comédien de son état, soixante-et-un ans aujourd'hui – s'est fait soigner puisqu'on le dit malade : fou, il est fou, le lui aura-t-on suffisamment répété ! Ce texte, inspiré par les séjours à l'hôpital Saint Antoine et aux Points Cardinaux retentit d'un vibrant appel, pathétique et drôle.
> le samedi 18 juin à 17h30