L'Ode à Scarlett O'Hara peut se définir comme le puzzle de la douleur. Trois enfants, que je nommerai "hypothétiques", se retrouvent perdus, abandonnés dans une grande maison au bord de l'Atlantique où résonne encore l'écho de leurs courses effrénées, de leurs rires, souvenir d'un temps heureux. "Cet heureux temps n'est plus". La mère s'en est allée, morte hier ou il y a longtemps. Les trois enfants, livrés à eux-mêmes, se réfugient dans le théâtre ludique du passé et des souvenirs, ce théâtre que leur a sans doute appris cette maman aimante et probablement déraisonnable. Ils passent donc leur temps à "jouer" de petites scènes inspirées de la tragédie classique, du mélodrame, de lectures d'enfance, de films d'une époque révolue - presque toutes centrées sur la mort et la disparition des choses ou des êtres aimés et la souffrance qu'elle engendre - mais cependant réécrites, réélaborées à travers le prisme de leur imagination, de leur plaisir et de leur nostalgie. Tels des personnages tchékhoviens qui n'ont pas su faire leur travail de deuil, ils s'agrippent au passé, au souvenir, se plongent dans la fiction comme on glisse dans un irréversible coma, tandis qu'autour d'eux tout s'effrite et se délite. Leur refus du monde est catégorique, absolu. Inadaptés de l'existence, tragiquement insouciants, ils sont conduits peu à peu vers un ailleurs vertigineux.
avec
Brigitte Boucher - Madame Pizzuti
Nicole Dogué - Charnelle
Arnaud Gibey - Monsieur Pizzuti
Frédéric Kontogom- Johnny Boy
Christophe Ratandra - Baby
décor Georges Vafias
costumes Regina Martino
lumières Maro Avrabou
son Yves Comeliau
assistantes Michèle Lemoine, Samia Doukali
production Compagnie Erzuli, avec le soutien du ministère de la Culture, la Ferme du Buisson-Scène Nationale, la Fondation Beaumarchais, l'Anpe spectacle et la collaboration de l'Odéon-Théâtre de l'Europe.