Bruno, alias le cocu magnifique, orchestre une sarabande infernale. Le thème de cette danse, c'est la passion amoureuse vécue si intensément qu'elle étreint et étrangle dans le même mouvement. La partenaire de cette danse, c'est Stella (stellaire, c'est-à-dire l'étoile) ou la femme idéalisée, que l'homme fait tourner pour la faire admirer - jusqu'à perdre la netteté de son image, jusqu'au vertige, jusqu'à la chute. Les instruments de cet orchestre, ce sont les braves gens du village, dont les rires, les mots, les cris mêmes constituent l'accompagnement de ce chant d'amour qui tourne à la danse de mort. Bruno est le bouffon de nos amours. Le contexte importe peu ; on peint ici une sympathique société rurale pour mettre en scène un type universel : l'amoureux monomaniaque. Et dans ce portrait allégorique chacun pourra se reconnaître. Mais tout cela reste une fête, un ballet grotesque - on réfléchira quand on aura quitté le bal, dégrisé. Le verbe de cette pièce est luxuriant et charnel ; on dirait que Crommelynck, comme Bruno, l'écrivain du village, n'est pas porteur de ses mots, mais emporté par eux - comme si une musique de carnaval belge traversait continuellement l'esprit du poète pour en tirer les mots les plus dansants qu'on puisse associer aux passions humaines. Il en découle une écriture fleuve, indomptée, fantasmagorique, paroxystique. Ce théâtre est un hymne païen à l'amour, à la mort et à la poésie.
avec
May Bouhada - Stella
Nicolas Devanne - Le Bouvier
Lynda Lagadec - La Nourrice
Nine de Montal - Cornélie et Florence
David Poncé - Estrugo
Guillaume Rannou - Bruno
Philippe Ricard - Le Bourgmestre
Emmanuel Texeraud - Pétrus
Vanessa de Winter - La femme enceinte
scénographie Jean-Marie Grand
lumières Paul Beaureilles
costumes Hervé Poeydomenge et Régine Maruejouls
masques Marie-Pierre Simard
musique Jeff Cohen
maquillages Sophie Niesseron
assistante à la mise en scène Vanessa de Winter
production Groupe Anamorphose