Le titre, les noms des personnages, Mara, Violaine, Pierre de Craon ; le Tardenois, Monsanvierge, la voix rocailleuse de Claudel... m'attiraient curieusement. Puis ce fut à l'écoute du texte répété par de jeunes acteurs de l'Ecole de Strasbourg et du Conservatoire une émotion qui d'abord m'a laissé sans voix. Sans doute vais-je monter la pièce pour tâcher de saisir la raison de mon trouble. Mais puisqu'il m'arrive de soutenir que le théâtre, à son meilleur niveau, fonctionne aujourd'hui comme laboratoire d'anthropologie, il s'agit bien sûr avec L'Annonce de la dimension du sacré qui est à l'origine du théâtre et qui pour l'heure, dans nos sociétés, opère un retour massif sur le mode de la religion. "Même dans le ciel, il y aura toujours quelque chose de Dieu qui se dérobera à la créature créée, il y aura toujours matière à ce désir dévorant, insatiable, qui est au fond de notre nature, et si nous devions le perdre, comme j'ai osé le dire dans la Cantate, ah nous l'envierions à l'Enfer !". Ainsi le génie poétique de Claudel, la dynamique si singulière de son théâtre tiennent à cette intuition étrangement païenne du sacré qui vient mettre à mal et transcender aussi bien l'esprit d'acquiescement au monde et de consentement à l'ordre que l'idéal de charité du christianisme.
avec
Jean Dautremay - Anne Vercors, le père
Béatrice Delavaux - Violaine
Jean-Pol Dubois - Pierre de Craon
Jacques Gamblin - Jacques Hury
Huguette Kingue - Une paysanne
Hélène Lapiower - Mara
Annie Mercier - Elisabeth Vercors, la mère
dramaturgie Dominique Boissel
décors et costumes Pierre Dios
direction technique Martine Belloc
lumières Gilles Chatard
composition du chant Lucien Rosengart
son Yvan Blanloeil
production ARRT / Philippe Adrien avec la participation du Jeune théâtre national. La compagnie ARRT est subventionnée par le Ministère de la Culture et la Ville de Paris.