1675, Louis XIV mène une guerre à outrance contre la Hollande. Mais, pour faire la guerre, il faut de l'argent. Et l'argent, il faut le prendre au peuple, déjà accablé d'impôts innombrables. À l'annonce d'impôts nouveaux sur le tabac, le papier timbré et la vaisselle d'étain, le petit peuple urbain de Rennes et de Nantes se soulève. La répression s'abat. Et, subitement, c'est l'embrasement les paysans de Basse-Bretagne se ruent à l'assaut des châteaux, massacrent les seigneurs, brûlent les chartriers, élaborent un essai de réorganisation de la société, connu sous le nom de "Code paysan" dont certains aspects préfigurent les revendications de 1789.
Le roi rappelle des troupes des frontières de l'Est et ordonne que le pays soit maté : pendaisons, massacres, galères ; un quartier de Rennes est rasé ; la Bretagne est livrée aux missionnaires qui vont inculquer au peuple breton une religion de terreur où culte de Dieu et culte du roi se confondent. Le souvenir de la répression est resté vif en certaines régions de Bretagne.
Sur ce thème, Paol Keineg, l'exceptionnel poète du Poème du pays qui a faim, de Hommes liges des talus en transes et de Chroniques et croquis des villages verrouillés, a bâti une fresque théâtrale et poétique dont l'actualité est évidente.
Créée à la Cartoucherie de Vincennes, en décembre 1972, cette pièce prend logiquement place dans le répertoire du Théâtre de la Tempête de Jean-Marie Serreau, aux côtés d'auteurs aussi nécessaires qu'Aimé Césaire ou Kateb Yacine.