Pièce ultime, voire testamentaire, de  l'auteur et metteur en scène Jean-Luc Lagarce, mort du sida en 1995, Le Pays lointain est ici entremêlé d' extraits du Journal : après dix ans d'absence, un homme, jeune encore, revient parmi les siens pour annoncer sa mort prochaine, juste sa mort. Le Pays lointain est l'histoire de ce retour – un retour en forme de voyage dans le temps. « En 1977, j'ai vingt ans, et en 1997, j'en aurai quarante, sans aucun doute, logique. Le récit de toutes ces années, les rencontres, la famille, les amis, les amours rencontrées et vécues, le travail et les aventures. C'est le récit de ce qu'on voulut être et qu'on ne fut pas, le récit de ce qu'on vit nous échapper. Et la douleur, oui. La douleur - mais encore, peut-être la sérénité de l'apaisement, le regard paisible porté sur soi-même. » Ce spectacle est ici porté par de jeunes acteurs qui sont les « enfants » de Lagarce et l'ont découvert après sa mort. Il est pour eux l'auteur d'une époque et d'une génération : celle qui a vécu la « fin des utopies » et l'irruption brutale du sida. Sans aucune nostalgie, dire et montrer cela : un temps qui appartient aujourd'hui à l'Histoire.