Le Théâtre-Laboratoire Sfumato, établi à Sofia, avait présenté en 2001, au théâtre de la Tempête, La Toison noire, spectacle qui évoquait le mythes et coutumes des Karakatchanes, peuple nomade des Balkans, pour perpétuer les valeurs de leur culture oubliée. « Le but de notre travail, affirment Ivan Dobtchev et Margarita Mladenova, est la création d'un milieu spirituel où l'homme devient capable d'aller à la rencontre de soi-même et d'autrui » : cette quête, c'est à travers l'œuvre de Dostoïevski qu'ils la poursuivent aujourd'hui en scrutant les personnages d'Ivan, figure de la révolte contre Dieu et Aliocha Karamazov, le témoin, celui que «l'on regarde comme sa conscience». Le dramaturge Gueorgui Tenev fait littéralement exploser la trame du roman et radicalise le questionnement métaphysique des personnages, celui de Dostoïevski lui-même, prophète d'une ère nouvelle : comment le récit et la scène peuvent-ils manifester le sacré après la mort de Dieu ?