Pierrot lunaire (1912) constitue un tournant dans l'histoire de la musique occidentale au même titre que le Sacre du printemps d'Igor Stravinsky. Mais rappelons-nous : en 1901, la troupe d'un cabaret berlinois se produit à Vienne. Schœnberg soumet au directeur de ce café-concert quelques compositions qui, dans le genre, sont de petits chefs-d'œuvre et s'avéreront déterminantes dans la genèse du Pierrot lunaire : une récitante entourée d'un ensemble instrumental restreint, le climat particulier de l'œuvre - neurasthénie et humour -, mais surtout l'ancrage d'une forme savante dans un genre considéré comme mineur. Hans Peter Cloos exalte le caractère théâtral de ces œuvres : dans un décor de cabaret où le public entourera musiciens et récitantes, les strophes du Pierrot lunaire, chantées par la soprano japonaise Yumi Nara, alterneront avec les Chansons de cabaret interprétées par la Munichoise Ira Blazejewska.