1995 - Lettre à Enzo Cormann
Il me semble que le théâtre pourrait poser cette question : comment témoigner de la transmission de l'Histoire si ce n'est à travers le dialogue vivant de celui qui a vécu cette Histoire et de celui qui s'interroge sur sa propre identité ? Imaginons que des représentations du Roi Lear eurent lieu au camp-ghetto de Terezin où tant d'artistes juifs furent déportés...
1996 - Lettre à Henri Bornstein
Cette nuit froide va nous changer tous en fous et en déments, dit le Fou de Lear, tandis que l'orage sévit sur la lande, à l'acte III de la tragédie que Shakespeare écrivit au début du XVIIe siècle. C'est à la fin du XXe siècle, par une autre nuit froide, que Nathan Goldring, jeune metteur en scène autrichien, vient proposer à Theo Steiner, figure mythique du théâtre viennois d'après guerre, de mettre un terme à vingt-cinq années de silence et d'exil, pour jouer Lear sur une scène berlinoise. Pourquoi la figure du vieux roi déchu ramène-t-elle l'ancien acteur un demi-siècle en arrière, à Terezin ?
1997 - Lettre à Enzo Cormann
Dans le regard aigu que tu portes sur le monde, la fiction que tu as écrite révèle le chemin de l'homme dans son passage par la catastrophe. Au travers d'immenses landes de mémoire explorées par ton personnage, Theo, tu révèles à Nathan l'abrupte part d'Histoire juive que celui-ci attend pour édifier sa vie. Tu imagines Theo, déclaré juif cinquante ans auparavant, alors qu'il se croyait architecte, et tu marques Nathan de son identité dans une lutte qui me rappelle le combat de Jacob avec l'Ange...