Mademoiselle Julie

Mademoiselle Julie

de Strindberg
mise en scène Jacques Kraemer

Mademoiselle Julie, la fille du Comte, après avoir aguiché Jean, le valet de chambre, se donne à lui pendant la nuit de la Saint-Jean. Au terme d'un jeu sado-masochiste, elle part se trancher la gorge dans la grange avec le rasoir du domestique. Cette pièce, la plus célèbre de Strindberg, je croyais bien la connaître. J'ai été à nouveau surpris. Quel génie brutal ! Strindberg dit tout, d'un coup. L'action se précipite, chaotique, simple ; les changements d'humeur s'opèrent à 180 degrés, apparemment incohérents. En réalité la marche est inexorable vers la sortie tragique. On suit les personnages qui nous emportent avec eux dans une chute, semble-t-il, sans fin, toujours plus bas. Jean et Julie sont parmi les rôles les plus tentants du répertoire ; ils offrent une partition de jeu d'une richesse extrême. Mais la pièce n'est pas un duo ; Christine, la cuisinière, est loin d'être une figure secondaire. J'avais tendance à croire ce qui se disait : le sérieux imperturbable de Strindberg exclut l'humour. Il n'en est heureusement rien. On rit. Je crois à présent que Strindberg en son for intérieur devait rire de lui-même et de ses personnages. Et nous, qui nous reconnaissons, rions. Intérieurement. Et parfois à gorge déployée. Un rire qui fait mal et qui fait du bien. Dans Mademoiselle Julie, la lutte des cerveaux toujours aussi meurtrière, se double d'une guerre des sexes et de la lutte des classes. Le projet est de pénétrer "dans la tête" de Strindberg pour ne pas tomber dans le panneau du naturalisme apparent des situations. J'ai découvert que je ne suis pas un réaliste. J'écris bien mieux en état d'hallucination. Il s'agit d'établir les subtiles procédures permettant de ruiner le naturalisme strindbergien par ce dont il est gros. On sait que Strindberg fut le précurseur de tous les courants ou presque du théâtre du XXème siècle. C'est en puisant dans les développements de ce qu'il a engendré que nous entreprenons une "remontée" à la source. Autrement dit, c'est dans la main de l'homme que nous tentons de saisir la patte du singe.

avec  
Emmanuelle Meyssignac - Mademoiselle Julie
Maxime Leroux - Jean
Catherine Depont - Christine

traduction Elena Balzamo
scénographie Isabel Duperray
lumière Pierre Peyronnet
assistant Jean-Philippe Lucas-Rubio

production Théâtre de Chartres (Compagnie Jacques Kraemer / Ass. Entracte) avec le soutien de la Ville de Chartres, le ministère de la Culture, le conseil régional de Centre Val de France, le conseil général d'Eure et Loir, le Crédit Agricole Val de France.

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