"J'ai vu ces jours-ci Oncle Vania - j'ai vu et j'ai pleuré comme une bonne femme, même si je suis loin d'être un homme nerveux, je suis rentré chez moi abasourdi, chaviré par votre pièce, je vous ai écrit une longue lettre et - je l'ai déchirée. Pas moyen d'écrire bien, clairement, ce que cette pièce vous fait naître dans l'âme, mais je sentais cela en regardant ses personnages : c'était comme si on me sciait en deux avec une vieille scie. Votre Oncle Vania est une forme absolument nouvelle dans l'art dramatique, un marteau avec lequel vous cognez sur les crânes vides du public... En écoutant votre pièce, je pensais à la vie qu'on sacrifie à une idole, à l'irruption de la beauté dans la vie miséreuse des gens, et à beaucoup d'autres choses graves, fondamentales. Lettre Gorki à Tchekhov - novembre 1898.
Anton Tchekhov écrit, en 1889, L'Homme des bois. La pièce est un fiasco. Tchekhov enfouit vite cette fable mais quelques années plus tard, sous le titre Oncle Vania, il en reprend la structure. Dans L'Homme des bois Tchekhov croit comme nombre de ses contemporains que l'action et le progrès mènent le monde. "J'y montre, écrit-il, des braves gens bien portants et à moitié sympathiques. Cela finit bien. Le ton général est lyrique d'un bout de la pièce à l'autre". En 1897, le titre change : Vania rate son coup de feu comme le ferait un clown, L'Homme des bois est devenu alcoolique et les amours échouent les unes après les autres. A travers ces modifications de la forme originelle, Tchekhov signe l'avènement d'un nouveau type d'écriture et de jeu théâtral et, par ce geste de refonte, fait passer l'art dramatique du XIXème au XXème siècle.
avec
Maurice Bénichou
Monique Daumas
Marie Desgranges
Christian Esnay
Chantal Garrigues
Jacek Maka
Emmanuel Petit
Jacques Pieillier
Fabienne Rocaboy
Nathalie Vidal
traduction André Markowicz et Françoise Morvan
assistante à la mise en scène Catherine Bernad
décor Antoine Dervaux et Robert Cantarella
costumes Laurence Forbin
lumières Jean-François Touchard
musique Emmanuel Petit
chorégraphie Caroline Weiss
production Le SORANO Théâtre de Toulouse Midi-Pyrénées, avec la Compagnie des Ours, La Coursive-La-Rochelle, Le Théâtre de Nice et le Centre Culturel de l'Albigeois-Scène Nationale.