Labiche nous donne la recette : Pour faire une pièce, il faut avoir un bon estomac ; la gaieté est dans l'estomac et en effet le désir des protagonistes, dans la Cagnotte, est bien de "manger la cagnotte". Le choix d'un grand restaurant parisien ouvre sur la première des péripéties qui mènent, en une sorte de voyage initiatique, ce petit groupe de provinciaux au fond d'un cachot. Invoquant Monte-Cristo ou plutôt Latude, ils rêvent d'évasion. Mais ces bourgeois du Second Empire qui mettent aux voix chacune de leurs décisions et qui, à peine arrêtés, croient voir sur eux se refermer les murs de la Bastille nous apparaissent comme de lointains et pitoyables héritiers des héros de 1789, représentants presque involontaires de l'idée républicaine. Cette soif d'héroïsme, cette faim de théâtre, cet appétit phénoménal nous rapprochent de l'écriture de Labiche. Il faut en retrouver le goût pour qu'elle agisse sur le cœur et sur le ventre.