Tout commence par la solitude. Un homme seul et nu sur son vieux canapé, L., fait face à un frigo, comme une allégorie encore indéchiffrable. On sent la mort qui rôde. On apprendra vite qu’il s’agit du cadeau que lui a fait sa mère pour ses 50 ans. Qu’y a-t-il dans ce frigo ? Le plateau est ce lieu où l’on retourne le gant de nos consciences, on y observe l’intérieur à l’extérieur. Le théâtre a surgi du néant et l’imaginaire prolifère sans bornes. La porte de ce mystérieux frigo, qui chez Copi restait close, s’ouvre alors sur d’autres figures inquiétantes, des bonnes fantomatiques, celles-là même que l’on a cru deviner dans les grandes armoires de L. et qui l’aidaient à se changer. Nous pénétrons alors, comme une mise en abîme, dans l’univers des Bonnes de Genet pour assister à une cérémonie macabre. Le Frigo de Copi et Les Bonnes de Jean Genet nouent à mes yeux des correspondances profondes et dévoilent, chacune à sa manière, nos monstres intimes, nos désirs les plus noirs, nos ressources les plus puissantes. Un cheminement dans les recoins inavouables de nos âmes, à la recherche de ce qui est dissimulé, enseveli dans nos cœurs, scellé dans nos frigos intérieurs. Un parcours imprévisible… Clément Poirée